Le tir
Le tir est la raison d’être du Serment et la perpétuation de ce dernier passe par une pratique régulière de cette discipline militaire devenue sportive.
Nous tirons, dès lors, toutes les semaines, soit pour nous entraîner, soit pour participer à un tir officiel, soit pour se mesurer lors d’un prix offert par l’un des membres de la Gilde.
Notre Gilde est membre de l’URA (Union Régionale des Arbalétriers), partie francophone de l’UNAB (Union Nationale des Arbalétriers de Belgique), ce qui permet à nos tireurs de participer aux championnats nationaux et internationaux.
Qui peut tirer ?
Il ne faut pas être Compagnon pour tirer, le « club » comprend une part de tireurs qui restent en dehors de la Gilde, ce sont les adhérents-tireurs.
Ceux-ci participent aux entraînements, aux tirs ouverts à tous et peuvent concourir en championnat. Depuis quelques années, ils peuvent même porter la tenue « club » des Arbalétriers, lors des grands événements qui ponctuent la vie de la Gilde. Leur seule restriction est qu’ils ne peuvent participer aux tirs historiques, à commencer par les tirs aux Roys.
Avec quelle arme ?
Il ne faut pas posséder son arme pour commencer à tirer. Le Serment possède une quarantaine d’Arbalètes qui permettent aux nouveaux tireurs de s’exercer aux différentes disciplines de tir que nous pratiquons. L’usage veut cependant que le tireur se procure ses armes propres dans les trois ans de son adhésion.
L’apprentissage ?
L’usage de l’Arbalète ne demande pas un très long apprentissage pour en connaître le maniement élémentaire et les règles de sécurité qui s’imposent au tireur. Lors de ses premiers essais, le nouveau venu sera accompagné, dans sa découverte de l’arme, par le Capitaine de tir ou par ses Lieutenants, voire par des Compagnons aguerris à l’initiation au tir. Mais très vite, il pourra se débrouiller seul et aura tout le temps ensuite de perfectionner sa technique sous le regard bienveillant des anciens.
Vous voulez être initiés au tir à l’arbalète ?
Vous êtes les bienvenus, la transmission de notre pratique est, pour nous, essentielle, c’est pourquoi l’initiation est gratuite. Vous devrez juste vous acquitter d’une tradition, nous le pensons, sympathique, c’est d’offrir un verre à votre moniteur et à votre déflècheur.
Nous pouvons vous initier lors de nos soirées d’entraînement, le jeudi soir, après 20 heures, mais afin de vous accueillir dans les meilleures conditions, nous limitons le nombre d’initiations par séance.
C’est pourquoi, si cela vous intéresse, l’inscription préalable ICI est obligatoire, notre Capitaine de tir vous contactera pour vous indiquer quand vous pourrez être initiés.
Quatre disciplines de tir.
Nous pratiquons quatre disciplines de tir différentes.
Nous tirons en berceau (à l’horizontale), dans nos locaux, à trois distances : à 6 mètres, à 10 mètres et à 20 mètres, sur des cibles comparables à celles utilisées pour les armes de poing.
Nous utilisons pour cela, soit de petites arbalètes à crosse qui se portent à peu près comme un fusil, soit la grande arbalète à contre-poids qui se porte sur l’épaule.
Ces arbalètes sont réglées pour un tireur, pour une flèche et pour une distance. Chaque fois qu’un de ces paramètres est modifié, il faut revoir les réglages des viseurs de l’arme.
Pour le tir en berceau, nous tirons avec des flèches, comme on vient de l’expliquer, si possible, toujours la même. Si leur forme est identique pour les trois distances, leur poids varie en fonction de la longueur du tir.
Pour bander l’arc, nous utilisons un bras de levier, appelé « gek » à Bruxelles, indispensable pour tendre l’arc, il permet d’exercer une pression uniforme sur les deux côtés de l’arc et ainsi de préserver sa précision.
Nous tirons également à la perche verticale, mais n’ayant plus de perche à Bruxelles, nous devons nous inviter chez nos confrères d'Ardooie, de Brugge ou d’Assebroek, en Flandre occidentale, pour nous y exercer, ce qui limite grandement notre pratique de cette discipline, malheureusement.
Ici, nous ne tirons pas sur une cible, mais sur des « oiseaux » en métal d’à peu près 2 centimètres de longueur surmontés d’une houppette de plumes (pendant l’entraînement, nous tirons sur un anneau de bois dont le diamètre est plus ou moins de quatre centimètres).
L’oiseau le plus élevé pend à trente-six mètres de haut (c’était la hauteur du papegay lorsque nous tirions sur le clocheton de Notre-Dame au Sablon), il est seul lorsque nous tirons au Roy, pour les autres tirs à la perche, d’autres oiseaux sont accrochés en-dessous. Dans ce cas, selon leur position sur la perche, ils portent des noms d’oiseaux réels et nous devons tirer le « coq », les « poules », les « canes » et les « cailles ».
A la perche, nous n’utilisons pas de flèche, mais un matras, il s’agit d’un trait à bout ferré plat qui vient taper sur le « ventre » des oiseaux.
L’arbalète à perche projette le matras à près de cent mètres de hauteur, elle a donc une puissance terrible. Pour bander son arc, nous devons utiliser un bras de levier de près d’un mètre cinquante
Le carreau ?
Nombre de nos visiteurs s’étonnent de ce que nous n’utilisions pas le terme « carreau » popularisé par les livres d’images anciennes et les films en costumes, pensant que ce terme désigne la flèche de l’Arbalétrier.
Le carreau était effectivement un trait utilisé par les Arbalétriers au Moyen-âge, mais il s’agit d’un trait propre à la guerre que nous n’utilisons donc plus depuis le XVe siècle plus ou moins.
Il ressemblait à une flèche, mais sa pointe était munie de quatre arêtes qui lui permettaient de percer les armures. Son nom vient du fait que le trou qu’il provoquait dans le métal, avait la forme d’un « carreau ».
Cependant, même à la guerre, les Arbalétriers lui préféraient le matras, ce trait à bout plat que nous utilisons pour le tir à la perche. Ils avaient bien compris qu’un chevalier que l’on avait assommé avec le matras, que l’on pouvait capturer et rendre vivant à sa famille, permettait de demander une rançon bien supérieure à celle que l’on pouvait exiger pour le corps du même chevalier tué par carreau.
Quelle discipline choisir ?
Il n’y a pas vraiment de discipline plus facile que les autres (sauf que chaque tireur croit que la sienne est la plus compliquée et donc la plus noble…). Il y a surtout celles pour lesquelles nous nous entraînons régulièrement et celles où nous tirons de temps à autre.
Comme à l’athlétisme, il s’agit d’un choix très personnel lié à notre arrivée dans le Serment, à nos premiers contacts, par exemple, ainsi plusieurs d’entre nous pratiquons la même discipline que nos initiateurs.
Il peut s’agir également d’un choix imposé par les circonstances, notamment, le fait d’avoir pu s’acheter une première arme d’un type particulier qui ne permette que le tir à 20 mètres ou à 6 mètres.
Il arrive aussi qu’une faiblesse du tireur ne lui permette pas, physiquement, certaines disciplines et lui en impose d’autres.
Enfin, au cours de notre vie, plusieurs d’entre nous avons changé de discipline de prédilection.
Les Compagnons doivent cependant, au moins une fois par an, se frotter aux quatre disciplines lors des tirs au Roy.
Quelles sont les qualités d'un bon tireur ?
Le contrôle de soi, le respect des règles de sécurité, l’assiduité et une bonne condition physique sont primordiaux pour bien tirer à l'arbalète.
Le respect des règles est un prérequis indispensable car, même si elle ne sert plus qu'au tir sportif, l'arbalète n'en reste pas moins une arme qui doit être manipulée avec prudence et précaution. Nous nous imposons donc tout un panel de règles de sécurité que chaque tireur doit respecter dans son intégralité.
En revanche, au prix d'une pratique régulière, le tir à l'arbalète permet d'acquérir une bonne maîtrise de soi, tant sur le plan physique que mental, cela se traduit, chez le tireur, par un grand calme, même après la détente de l'arc.
Mais il n’y a pas de miracle, comme pour tout sport, seule l’assiduité à l’entraînement permet d’atteindre des résultats remarquables.
Ce sport est-il onéreux ?
Le tir à l'arbalète est un sport et une passion des plus abordables.
Nous l’avons dit, la possession d'une arme n'est pas nécessaire pour débuter, le seul coût incontournable pour le tireur consiste en le paiement de sa cotisation au Serment, soit, en 2018, 80€ par an.
Les activités du Serment occasionnant d’autres frais, de transport par exemple, ne sont jamais obligatoires.
Cependant, au vu de l’adaptation de l’arme à son utilisateur et des performances que chaque tireur veut atteindre, la plupart des tireurs n’ont de cesse de chercher à acquérir une arbalète personnelle.
Le coût de celle-ci variera selon la disponibilité des armes sur le marché car la fabrication d’arbalètes neuves est devenue très confidentielle, selon le type d’arbalète choisi et selon la finition esthétique de l’objet qui peut se révéler une petite merveille d’artisanat, d’ébénisterie, de marqueterie ou de ferronnerie.
Pour une petite arbalète à crosse, il faut compter aujourd’hui, plus ou moins, 1000€ ; le prix de l’arbalète à contre-poids variera plutôt entre 1200 et 1500€.
Une flèche qui peut être utilisée pendant plusieurs années, coûte environ 25€.
Quelques tirs particuliers
L’année est ponctuée de tirs officiels et de tirs offerts.
Les tirs offerts sont déterminés par ceux qui les offrent. Tant leur règlement que leurs cibles apportent parfois de grandes surprises aux tireurs. Certaines familles d’arbalétriers offrent leur prix depuis des années, pour l’une d’entre elles, depuis plusieurs générations.
Les tirs officiels sont ceux organisés par le Serment, ce sont les tirs historiques ou symboliques, en lien avec l’histoire de la Gilde. Parmi eux, nous pensons aux Tirs aux Roys déjà évoqués dans d’autres onglets.
Mais aussi :
Le Tir de l’Arlequin, c’est le tir qui ouvre l’année de la Gilde, il est offert par les Roys de l’année.
Il se caractérise par sa cible très particulière qui lui donne son nom et dont les espaces colorés valent différents points. Avant l’ouverture du tir, chaque tireur pêche, dans un tonnelet, un méreau numéroté qui lui indique le nombre de points qu’il devra réaliser en additionnant le résultat de ses flèches.
Le Tir des Apprentis, comme son nom l’indique, est offert par les apprentis de l’année, parfois aussi par les agrégés. Il a lieu avant les Tirs aux Roys car plusieurs d’entre eux pourraient prêter serment lors de la Journée de la Gilde, en mai.
L’humour est toujours au rendez-vous, qui guide le choix de la cible et les prix qui récompenseront les champions du jour.
Toute une série de tirs sont, ensuite, moins particuliers, mais marquent les dates importantes pour le Serment ou mettent un de ses éléments à l’honneur : le Tir du Crennequinier, de la Saint-Georges, de la Fête nationale, de la Fête du Roi, de la Saint-Nicolas…
Durant le mois de décembre, pour les deux derniers tirs de l’année, nous troquons nos cibles pour tirer sur une perche couchée. C’est-à-dire que nous plantons bien des papegays sur un mât, mais pas à trente mètres de haut, à l’horizontal et à une distance de 10 mètres.
Le premier tir à la perche couchée est un tir offert.
Le second et dernier tir de l’année s’appelle le Tir du Katuit, en flamand « du chat dehors », ce qui rappelle l’époque où les Arbalétriers tiraient dans la cour de leur estaminet préféré. Le terme plaisantait sur le fait qu’après le dernier tir, le chat du cafetier pouvait sortir sans crainte.
C’est le tir le plus gourmand de l’année car, traditionnellement, le Doyen-Chef offre aux champions les volailles qui correspondent aux oiseaux qu’ils ont décrochés, coq, poules, canes ou cailles.